Depuis deux décennies, la transformation numérique a profondément bouleversé le domaine de la formation. Entre la montée en puissance des outils technologiques et l’importance toujours centrale des fondamentaux pédagogiques, les formateurs n'ont cessé de s'adapter. Dans ce paysage, l'évolution des outils, de PowerPoint à ChatGPT, représente un cas emblématique de cette dualité entre technologie et pédagogie. À travers ces innovations, quelles opportunités s'ouvrent aux formateurs pour réinventer leur métier ?
Le formateur PowerPoint : l’ère de la présentation linéaire
Le formateur PowerPoint n'est certes pas un modèle à suivre, car il incarne une pédagogie descendante, marquée par la présentation linéaire de diapositives. Le déroulé de la formation est souvent rigide, rythmée par une succession de slides. Si cet outil a simplifié l’organisation visuelle de l'information, il a aussi, dans certains cas, standardisé l’interaction avec les apprenants, limitant les échanges à ce qui est projeté à l’écran. Cette approche a fréquemment été comparée à un « management top-down », un modèle qui, dans bien des secteurs, a montré ses limites.
Mais au-delà de l’usage de PowerPoint, être un bon formateur demande bien plus que la maîtrise d’un logiciel. Les compétences humaines, comme l'écoute active, l’analyse des signaux non verbaux et l’art de poser les bonnes questions, sont essentielles pour animer une session. La capacité à improviser, à exploiter les échanges en temps réel et à adapter son discours à l’audience est cruciale. Le formateur doit être en mesure de synthétiser des idées complexes et de susciter l'intérêt. Il ne s’agit autant de transmettre un contenu que de générer un véritable engagement.
Par ailleurs, le rôle du formateur ne se limite pas à la simple animation : il est souvent le concepteur de son propre contenu pédagogique. Sauf dans les grandes structures, où les fonctions de conception et d’animation sont parfois séparées, la plupart des formateurs conçoivent eux-mêmes leurs supports de cours, d’où le recours massif à des outils comme PowerPoint.
ChatGPT : généralisation de l’IA dans la formation
Un nouveau chapitre s’est ouvert avec l’introduction de l’intelligence artificielle (IA) générative, symbolisée par des outils comme ChatGPT, qui viennent s'ajouter à la panoplie déjà fournie des formateurs, l’IA venant notamment compléter PowerPoint : par exemple, des outils permettent désormais de transformer automatiquement des présentations PowerPoint en modules e-learning interactifs, optimisés pour l’apprentissage à distance.
Mais l'IA générative va plus loin : elle s’impose comme assistant polyvalent capable d’accompagner le formateur dans des tâches aussi diverses que la création de contenus pédagogiques, l’élaboration de stratégies de formation, ou encore l’évaluation des compétences et des programmes de formation. Sa capacité à traiter des volumes massifs de données permet d’identifier les compétences clés pour un métier donné, de générer des questionnaires d’évaluation, et même de proposer des plans de formation adaptés aux besoins spécifiques d’une organisation.
Là où PowerPoint aidait les formateurs à concevoir des supports visuels, ChatGPT, pour ne citer que lui, ouvre la voie à une extension potentielle de leur rôle, en particulier en matière d'adaptation des contenus selon le profil des apprenants, de définition des objectifs pédagogiques, ou encore de possibilité inédite de répondre en temps réel aux questions des apprenants.
Compétences à acquérir, compétences à ne pas perdre
Pour saisir les opportunités recelées par l'IA générative, les formateurs devront acquérir de nouvelles compétences. Il ne s’agit plus seulement de maîtriser un logiciel, mais de comprendre les logiques de l’intelligence artificielle, de savoir exploiter les données à des fins pédagogiques, et d’adapter continuellement ses méthodes en fonction des technologies disponibles. Cela implique également de se doter d’une solide culture du Big Data (données structurées ou informelles), pour pouvoir orienter les stratégies de formation vers des objectifs précis et mesurables.
On rappellera que, si l’IA permet d’automatiser certaines tâches, elle ne saurait remplacer l’expertise humaine dans des domaines clés tels que, par exemple, l’analyse des besoins en formation (l'explicite cache souvent un implicite que l'IA aura bien des difficultés à prendre en compte…), la gestion des dynamiques de groupe ou encore l’accompagnement des apprenants. Le formateur de demain devra donc développer une posture hybride, à la croisée de la technologie et de l'humain. Car le risque est là (de même nature que celui qui guettait les formateurs dans l'usage de PowerPoint) : se concentrer à tel point sur l'usage d'un nouvel outil qu'on finit par en oublier les fondamentaux du métier.
(Source d'inspiration : La Lettre Innovative Learning, Salon Innovative Learning by eLearning Expo)
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